top of page
Pas encore de mots-clés.

PAR TAGS : 

POST RÉCENTS : 

ME SUIVRE : 

  • Facebook Clean Grey

Comment est-ce possible ?

Ce garçon violé par sa mère ?

Mais comment est-ce possible ?

Comment ose-t-on ici attaquer le mythe de la sacro-sainte mère, la déesse toute de maternité et de générosité constituée ?

Quelle infamie est-ce là d’insinuer impunément qu’une mère pourrait abuser sexuellement de son fils ?

Pour commencer à aborder ce sujet épineux et ignoré des médias, études et autres recherches, je souhaiterais vous raconter brièvement l’histoire d’un autre. Par pudeur peut-être, par peur certainement, de votre jugement, de quolibets, par peur de la stigmatisation, porte ouverte à la honte que je m’auto-infligerais. Je ressens le besoin de vous dire que je ne suis pas le seul. Le besoin de me justifier. Ces textes ne sont pas issus de l’imagination perverse d’un gars qui s’emmerde dans la vie. Personne n’évoque ce sujet, l’inceste d’une mère commis sur son fils, mais il existe.

J’existe !

Alors voilà.

En terminale, notre classe a accueilli non sans mal un extra-terrestre. Pat. Un gars si sérieux, si besogneux, si acharné qu’à la fin de l’année, après les épreuves du bac auxquelles il avait échoué pour la quatrième fois, l’académie décida de lui accorder son diplôme.

Pat était un être étrange, volatile et insolite, un piaf tombé du nid, ahuri, curieux et triste comme la mort.

Un jour, ma super copine Nath, armée de sa plus belle candeur, lui demande brutalement : « Mais pourquoi t’es comme ça Pat? »

Le cerveau confus et obscurci par l’amnésie totale de ma propre histoire, jamais je n’aurais imaginé une telle réponse. Jamais je n’aurais imaginé une chose pareille, même dans mes pires cauchemars.

A la puberté, lui a répondu Pat tout naturellement, ma grand-mère est entrée dans ma chambre, elle m’a stimulé sexuellement et elle m’a violé.

Mais c’est pas possible, s’est exclamée mon amie toute naïve. Vous les mecs, vous ne pouvez pas bander de force !

Parfois, les femmes se plaignent de notre ignorance en matière de féminité mais certaines devraient prendre des cours de rattrapage en éducation sexuelle !

Si, un homme peut subir une érection, oui, contre son gré, malgré la haine, le dégoût et la terreur qui l’animent.

Si, un homme peut être violé par une femme, pour peu qu’elle ait une quelconque autorité sur lui.

Le viol, l’inceste, est une affaire de pouvoir et de domination.

De silence. Et d’isolement. Une solitude si incisive qu’on en perd la tête, qu’on en oublie son âme, qu’on en renie son propre corps et qu’on incarne la culpabilité de l’agresseur.

La grand-mère de Pat s’est pénétrée avec le sexe en érection de son petit-fils. En plus de son innocence, elle lui a arraché une bonne poignée de neurones et a anéanti sa capacité à contacter le monde. Pat est devenu le fantôme de lui-même, vidé de sa substance vitale.

C’est la version la plus évidente et la plus apparente d’un viol commis par une femme sur un garçon. La parfaite reproduction du viol commis par un homme.

Je n’ergoterai pas sur la définition du terme violer. Mais l’agression sexuelle, tout comme l’inceste, englobe une série d’actes « à large spectre », du regard indécent et déplacé à la pénétration. Entre les deux, se déploie avec ampleur un éventail pervers d’attitudes toutes plus dégueulasses les unes que les autres.

Lorsqu’il est perpétré et perpétué par une femme, l’inceste revêt différents déguisements particulièrement sournois et hypocrites. La mère incestueuse se drape et s’englue dans des prétextes et des allégations supposées la dédouaner et lui rendre sa vertu. Elle y croit dur comme fer. Il en va de sa dignité et de sa survie.

Pendant qu’elle se persuade d’être une bonne mère et sauve les apparences, elle commet l’indicible, l’inconcevable.

L’inceste est puni par le code pénal comme un meurtre. Dix ans de prison. Parce qu’il tue le potentiel de l’enfant. Il assassine l’essence de l’être humain, il vole son âme, jusqu’à la résurgence que la rencontre thérapeutique fait naître.

Pour ma part, je n’ai pas été enfourché par ma mère.

C’était bien plus fourbe.

Tellement perfide que des décennies m’ont été nécessaires pour prendre conscience de l’abjection de mon éducation. Sans repères, sans comparaisons, tout me paraissait parfaitement normal. Jusqu’au jour où, au détour d’une banale conversation, j’ai été percuté de plein fouet par la réalité. Et mes souvenirs m’ont percuté par flashes insupportables.

Sous couvert de soins médicaux et de bonté fallacieuse, ma mère « préparait » avec ses doigts ou sa langue mon anus avant d’y introduire des suppositoires.

Elle désavouait mon statut de victime en se réjouissant du plaisir anal qu’elle me donnait, s’auto persuadant ainsi de son statut de mère attentionnée et bienveillante.

Elle me lavait et me décalottait, par hygiène, jusqu’à l’orgasme. A l’adolescence, j’ai joui dans les mains de ma mère, encore et encore, humilié, couvert de honte et du dégoût de moi-même d’avoir aimé ça. Parce que ma mère me lavait encore à quinze ans.

Pas une seule fois l’abomination de ses gestes ne m’a effleuré. Ni quand elle me « torchait » jusqu’à mes dix-sept ans, ni quand elle se masturbait devant moi, ni quand elle me contemplait langoureusement, le regard vicelard, quand je me déshabillais, ni quand elle hurlait sa jalousie à l’égard de mes petites amies, les insultant, me mettant en garde contre leur noires intentions manipulatrices, anéantissant chez moi toute lucidité et capacité de discernement.

Ni quand elle me demandait de me masturber devant elle, pendant qu’elle se touchait.

Ni quand elle m’observait dans la douche.

Ni quand elle se pavanait devant moi, ensorcelante, envoutante, en tenues affriolantes et follement excitantes.

Non, c’était moi le monstre obscène et répugnant, moi, l’ingrat, anéanti par la honte et la répulsion, face à cette mère immaculée dont la grâce n’égalait que l’abnégation et le dévouement absolu.

J’incarnais l’égoïsme, l’hostilité, le manque total de reconnaissance. Elle martelait quotidiennement ses accusations, attendait mon mea culpa sangloté, se gorgeait de ma culpabilité comme un écran à la sienne et consolait avec miséricorde son pauvre animal de fils hideux et dénaturé.

Moi, sans autre repère, je croyais que tout était normal. Ou peut-être que non. Peut-être que je n’avais pas le choix et qu’il me fallait faire semblant de croire que tout allait bien ? Sinon quoi ? De quelle solution dispose-t-on à six ans, à dix ans ? Après, c’est trop tard, j’étais hypnotisé, endoctriné, saucissonné. Manipulé.

Mais où était mon père ?

Celui qui manque pour poser l’interdit de l’inceste.


bottom of page